Les cas cliniques : un outil de formation continue au C.N.P.K
Au Centre Neuro Psychiatrique de Kamenge (CNPK), les cas cliniques font partie intégrante du processus de formation continue pour les équipes soignantes. Cette activité, organisée régulièrement (une fois le mois depuis 2021), permet de partager et d'approfondir l'étude des cas complexes pris en charge dans l'établissement.
Qu'est-ce qu'un cas clinique au CNPK ?
Un cas clinique correspond à la présentation détaillée d'un patient dont le suivi pose des défis particuliers. Chaque pavillon du CNPK est chargé d'identifier un cas intéressant, qui ne serait pas forcément fréquent ou qui soulève des problématiques spécifiques. L'équipe pluridisciplinaire en charge de ce patient (médecin, psychologue, ergothérapeute, un agent du social, infirmier et celui du pastoral) prépare alors une présentation pour la partager avec l'ensemble du personnel soignant.
Mercredi 31 Juillet cette activité a eu lieu dans les enceintes de la salle des fêtes du C.N.P.K. juste après le staff matinal. Elle a été présentée par l’équipe multidisciplinaire du pavillon Homme B dirigé par le docteur Arnaud BADOGOMBA, qui, selon lui est l’une des spécialités d’apprentissage du centre, une activité qui s’est déroulée sous la supervision du psychiatre Dr Godelieve NIMUBONA.
Objectifs et déroulement des cas cliniques
L'objectif principal de cette activité est double : d'une part, approfondir la prise en charge du patient concerné afin d'optimiser son traitement ; d'autre part, permettre aux différents professionnels de santé d'échanger, de confronter leurs points de vue et ainsi de renforcer leurs compétences.
Lors de la présentation, l'équipe expose le parcours du patient, les différents aspects de sa prise en charge, les difficultés rencontrées et les pistes envisagées. L'ensemble du personnel soignant présent est alors invité à réagir, à poser des questions et à apporter son expertise.
Des bénéfices pour les patients et les soignants
Selon le Dr Godelieve Nimubona, psychiatre au CNPK, cette activité de cas cliniques apporte une réelle plus-value. Pour les patients, cela permet d'affiner leur prise en charge grâce à un regard pluridisciplinaire approfondi. Pour les soignants, les échanges favorisent l'amélioration continue de leurs pratiques et de leurs connaissances.
Bien que déjà très bénéfique, le Dr Nimubona estime que des améliorations sont encore possibles pour rendre cette activité encore plus performante et enrichissante pour tous les participants.
Pathologie débattue pour ce 22eme cas clinique depuis 2021
Pour cette activité, il s'agissait de débattre sur un cas de psychose paranoïaque. C'est une pathologie psychotique chronique qui touche généralement les patients âgés de 35 à 54 ans. Selon le Dr Godelieve, elle n'est pas facile à traiter pour plusieurs raisons :
1. Le patient ne répond pas favorablement aux médicaments seuls.
2. Un traitement efficace nécessite de coupler les médicaments à des psychothérapies comportementales. Celles-ci visent à aider le patient à faire face à ses problèmes de personnalité pathologiques, afin de réguler son comportement.
De plus, bien que fréquente, cette pathologie reste méconnue. Et pour ce type de psychose, il y a souvent une absence de conscience du trouble chez le patient. Cette condition est par ailleurs beaucoup plus observée chez les hommes. La psychose paranoïaque se développe généralement sur la base de traits de personnalité paranoïaques, tels que :
- Une hypertrophie du moi, où le patient se perçoit comme très supérieur aux autres
- Une psychorigidité, c'est-à-dire une difficulté à changer d'idées
- Une méfiance généralisée envers les autres
Cependant, la pathologie se caractérise par la présence d'un délire, qui peut prendre différentes formes, mais la plus fréquente est celle de la persécution. Ce délire se construit à partir d'un fait réel que le patient interprète de manière erronée. Il s'étend progressivement, d'un secteur à un réseau, et ce pour toute la vie du patient.